Les théories du changement
Il existe plusieurs théories de changement et chaque type d’accompagnement s’appuie sur une (au moins) pour expliquer ce qu’il propose et pourquoi. Pour les changements dans un accompagnement, les principales théories sont
- Modèle transthéorique du changement (Stadler et al. basé su rle modèle de Prochaska et DiClemente) : Identifie les étapes que les individus traversent lors du changement de comportement : pré-contemplation, contemplation, préparation, action et maintien.
- Théorie de la motivation humaine (Maslow) : Met en avant la hiérarchie des besoins, soulignant que la satisfaction des besoins fondamentaux est nécessaire avant d’atteindre des objectifs d’évolution personnelle plus élevés.
- Approche centrée sur la personne (Carl Rogers) : Insiste sur l’importance de l’empathie, de l’acceptation et de l’authenticité dans le processus de changement, permettant une exploration intérieure.
- Théorie des systèmes : Considère l’individu comme faisant partie d’un système plus large, où le changement personnel interagit avec des facteurs environnementaux, sociaux et relationnels.
La théorie transthéorique du changement derrière les approches cognitives et comportementales (modèle de Prochaska et DiClemente) se concentre sur les étapes du changement individuel (pré-contemplation, contemplation, préparation, action, maintien) et propose des stratégies spécifiques pour chaque étape. La théorie transthéorique du changement est principalement linéaire et structurelle, car elle divise le processus de changement en étapes distinctes que les individus traversent. Chaque étape nécessite des stratégies spécifiques pour avancer vers le changement.
Derrière la thérapie narrative, nous retrouvons plusieurs théories de changement, notamment :
- le constructivisme : L’idée que les individus construisent leur réalité et leur identité à travers des récits. Le changement se produit en re-narrant ces histoires. (J. Piaget)
- la théorie du changement social (constructionnisme social) : La reconnaissance que le contexte social et culturel influence les récits personnels et, par conséquent, la possibilité de changement. (Peter Berger et Thomas Luckmann )
- la théorie de l’autodétermination : Met l’accent sur le pouvoir des individus à s’auto-diriger et à choisir leurs propres récits, favorisant ainsi un changement durable. (Edward L. Deci et Richard M. Ryan )
- la théorie de la fluidité de l’identité : Propose que l’identité n’est pas fixe, et le changement peut être réalisé en explorant différentes facettes de soi à travers la narration. (Michael Foucault, Paul Ricoeur)
La vision du changement dans la thérapie narrative est dynamique et fluide, centrée sur les récits individuels qui permettent aux personnes de redéfinir leur identité. Plutôt que de suivre une séquence prédéfinie, cette approche plutôt holistique valorise l’exploration personnelle et la réinterprétation des expériences, favorisant une transformation plus organique et personnalisée. Cette fluidité permet aux individus de naviguer leurs histoires de vie de manière adaptative, souvent en intégrant des éléments de leur passé pour envisager un avenir différent.
Les différents types de changement
Que signifie tout cela dans l’accompagnement alimentaire ?
Le modèle transthéorique du changement tend à se concentrer sur des changements de niveau 1, qui impliquent des modifications de comportement observable et mesurable. Elle se concentre sur la façon dont les individus passent par des étapes spécifiques pour changer des comportements alimentaires. Les changements de niveau 1 concernent des ajustements concrets et immédiats, comme modifier ses choix alimentaires ou établir une routine. Ces changements sont généralement visibles et mesurables, ce qui permet d’évaluer rapidement les progrès.
En revanche, la thérapie narrative vise plutôt des changements de niveau 2, qui touchent à des aspects plus profonds de l’identité et de la perception de soi. Et, selon les théories du changement, un changement de niveau 2 a comme conséquence inévitable un changement de niveau 1, donc un changement dans le comportement DURABLEMENT. En effet, les changements de niveau 2 touchent des aspects plus profonds de l’expérience humaine, incluant les croyances, les valeurs, et l’identité. Ce niveau implique une nouvelle vision de soi-même et des narrations personnelles et elles facilitent des changements durables dans les comportements, en ayant accès jusqu’aux racines émotionnelles et existentielles des (soit disant) « résistances ».
L’approche de l’accompagnement alimentaire global
Dans le domaine de l’accompagnement alimentaire, il est crucial de reconnaître que l’alimentation ne se limite pas seulement à des choix physiques et volontaires. Elle est intimement liée à des dimensions sociales, émotionnelles et existentielles. En cherchant à opérer des changements de niveau 2, nous nous donnons les moyens d’accéder à des transformations profondes qui permettent de lever les barrières aux comportements alimentaires. Cela signifie que, pour aborder efficacement les défis alimentaires, il est indispensable de travailler sur les croyances et les perceptions qui sous-tendent les choix alimentaires, ainsi que les histoires personnelles, qui les ont formées.
Je suis intimement convaincue que pour favoriser des changements alimentaires durables et significatifs, il est essentiel d’intégrer à la fois les aspects comportementaux ET les dimensions plus profondes de l’identité et de l’expérience personnelle. En agissant à tous les niveaux qui sont en lien avec l’alimentation, l’accompagnement devient non seulement plus efficace, mais également plus enrichissant dans la découverte de soi et l’expression de soi.