Mardi, lors de la permanence à l’expo où j’expose quelques œuvres, j’ai rencontré une personne qui a également vécu un burn-out. Nous avons échangé à ce sujet, et j’avais envie de partager avec vous certains détails.
Il m’a parlé d’un aspect particulièrement redoutable de cet état, au-delà de l’incapacité à accomplir les gestes les plus simples : se lever, se laver, descendre les escaliers pour aller dans la cuisine, ou faire les courses. Ce sont les pensées envahissantes et dévalorisantes que moi aussi, j’ai rencontrées :
- Je suis nul.
- Je ne sers à rien.
- Je n’arrive même pas à faire ce que tout le monde fait.
- À quoi bon (vivre, travailler, continuer, aller voir quelqu’un, etc.) ?
La liste pourrait être très longue. Je m’arrête là pour ne pas vous plomber la journée avec des idées noires. 😉
C’est ce que Michael White appelait le sentiment d’échec personnel ou professionnel. Cela n’a rien à voir avec un échec ponctuel comme rater un examen ou ne pas réussir un geste technique. C’est un sentiment persistant, que mon interlocuteur a qualifié de “nuit noire de l’âme”. Une nuit sans étoiles ni jolie lune.
Je lui ai partagé mon propre ressenti : cette nuit noire, je l’avais aussi vécue comme un marécage. Chaque pas semblait m’enfoncer davantage dans des eaux troubles, avec le risque de gaz toxiques ou de noyade, et un brouillard profond m’empêchait de savoir où j’en étais ou ce qui était possible.
Beaucoup de personnes que je rencontre ressentent des émotions similaires à un moment donné de leur vie. Cela ne vient pas toujours d’un burn-out. Parfois, ce sont des symptômes handicapants qui s’invitent soudainement. Parfois, c’est parce qu’elles se sentent trop sensibles, pas assez ceci, trop cela, ou simplement différentes.
C’est précisément là qu’un thérapeute narratif peut faire une grande différence. Apporter un peu de clarté dans le brouillard, offrir un bâton pour avancer ou sonder les eaux, et surtout, redonner du sens et de l’espoir. Permettre de continuer, puis de reconstruire une vie alignée sur ses valeurs, une vie qui vaut la peine d’être vécue.
Hier, j’ai suivi une formation sur le sentiment d’échec personnel pour mieux accompagner mes clients. Être là pour eux, comme quelqu’un a été là pour moi lors de ma propre traversée, pour m’aider à reconstruire ma vie.
L’une de mes missions les plus importantes est de transmettre ce cadeau, que j’ai reçu. Parce que j’en connais profondément la valeur.
https://www.youtube.com/embed/nhENEhkK0zg?si=tx89j7x_tBspRz1Q
Métamorphose – sculpture en bronze de Maria Luise Bodirsky