Souvent en supervision ou en journée de développement de pratique, les praticiens me rapportent des blocages avec certains clients, blocages qui les mettent en inconfort, sèment le doute, où encore génèrent chez eux de la frustration. Pourtant, très souvent, ces émotions ou ressentis pourraient être évités.
Aujourd’hui je vous propose une question, en fait, LA seule question qui vous évitera bien des moments désagréables lors de vos consultations… et rendra grand service à vos clients.
Une question de niveau
Un des plus fréquents blocages dans le travail alimentaire vient du fait qu’on n’intervienne pas au bon niveau. Avec cet article, je vous explique ce que j’entends par là et comment vous pouvez y remédier.
Nous allons partir de la définition de la santé que donne l’OMS “un état complet de bien-être physique, mental et social”. Elle ne consiste pas uniquement en une absence de maladie ou d’infirmité. Dans d’autres enseignements ou traditions, on utilise d’autres expressions, mais l’essentiel à retenir c’est que la santé ou l’équilibre dans la vie d’un humain se joue à trois niveaux : physique, mental et social.
Appliquons maintenant ce principe à notre domaine.
Les problèmes liés à l’alimentation ont également trois dimensions : physique, mental (psychique) et social. A n’importe quel moment, ces trois dimensions influent sur notre comportement alimentaire.
Détenir la bonne information n’est pas suffisant
Dans la vision du monde de la nutrition, c’est la dimension physique qui reçoit toute l’attention : on part du principe que si quelqu’un a la bonne information, cela suffit pour avoir un comportement adapté. Or, nous, qui accompagnons sur le terrain beaucoup de personnes aux prises avec des questionnements ou problèmes alimentaires, nous nous rendons compte très vite que c’est loin d’être le cas.
« Je sais que je ne devrais pas grignoter, mais le soir venu, il m’est impossible de ne pas chercher dans le placard »
« Je sais qu’un seul carré de chocolat serait bien, mais je ne peux pas arrêter tant que j’en ai devant moi »
« Je sais que je suis intolérant au lait, mais j’adore le fromage»
« Je sais quand j’ai suffisamment mangé, mais je n’ose pas dire non quand on me propose »
« Je mange bien quand je suis seul, mais en compagnie c’est tout autre chose »
« Quand je me sens seule, je bois du vin »
« Quand je suis en colère j’ai envie de croquer des chips »
« Quand je suis invité, je ne peux pas dire non au dessert »
« Je suis boulanger, je ne peux pas me permettre d’être intolérant au gluten »
« Je passe par des phases de régime, ou je contrôle tout, mais je suis incapable de tenir dans la durée »
Toutes ces phrases vous sont familières ?
On les entend tous les jours, en diverses variantes.
Elles montrent bien que la source du problème ne se situe pas du point de vue physique. Nous pouvons donc en conclure que l’alimentation peut se retrouver dans les trois dimensions.
Et, la plupart du temps, le client sait très bien que ce n’est pas ainsi qu’il faudrait faire, c’est peut-être d’ailleurs cela qui l’a amené à nous consulter. Si on répète juste ce qu’il sait déjà, même en ajoutant d’autres arguments, ou d’autres méthodes… on va juste faire un peu plus la même chose, qui ne marche déjà pas ! Éventuellement on risque même d’ajouter une nouvelle couche au sentiment de culpabilité ou de honte ou un nouveau joyau à sa collection de (auto-)jugements. L’inverse de ce que le client est venu chercher !
Et c’est là où la question magique peut nous venir en aide.
La question à vous poser
A quel niveau le client est-il bloqué ?
– Au niveau physique ? C’est-à-dire qu’il lui manque des informations, de la pratique de cuisine, des recettes, son profil ou un régime spécifique ?
– Au niveau mental ? C’est-à-dire qu’il y a des émotions, des situations qui interfèrent avec ses choix alimentaires ?
– Au niveau social ? C’est-à-dire que son environnement ne favorise pas un positionnement qui lui serait bénéfique ?
Il va sans dire que si c’est au niveau mental ou social que le client est bloqué, lui donner des informations de compréhension ne changera rien à sa situation, puisqu’elle n’est pas physique. OU parfois il peut nous sembler que c’est le niveau physique qui est le bon niveau d’intervention, mais à un moment donné on se heurte à des difficultés d’exécution de la stratégie proposée. Non, ce n’est pas de la résistance ou de l’auto-sabotage, contrairement à certaines idées reçues. C’est peut-être tout simplement qu’un autre volet de la question (émotionnel, social) était laissé dans l’ombre. Mais rester dans l’ombre ne signifie qu’on ne peut pas agir ! Il faut donc étudier de nouveau la situation, trouver le bon niveau d’intervention où le déblocage est nécessaire pour avancer sur le chemin choisi.
Pour être efficace, et pour que le client retrouve
un équilibre dans l’assiette et autour de l’assiette,
il faut tenir compte des trois dimensions
Pour être efficace, et pour que le client retrouve un équilibre dans l’assiette et autour de l’assiette, il faut tenir compte des trois dimensions. Lesquelles, pour ne pas nous faciliter les choses, la plupart du temps, s’entremêlent. Ce qui veut également dire qu’il faut maîtriser divers outils pour les TROIS niveaux, si vous ne souhaitez pas être bloqué à la première difficulté, ou si vous souhaitez en contourner d’autres.
La prochaine fois que la situation semble bloquée, je vous propose, avant toute chose, de vous poser LA question : à QUEL NIVEAU le client est-il bloqué ? Puis regarder de près si l’intervention que vous avez proposée est en phase. Et tirer de votre chapeau magique l’outil qui pourrait répondre au besoin se faisant sentir à travers la difficulté.
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